Le carnet de voyage solo ou le carnet de voyage collectif 10/10
Voici plusieurs manières d'aborder le carnet de voyage : lesquelles as-tu déjà expérimentées?
Dans cet article, tu vas naviguer dans différentes expériences du carnet de croquis, de multiples intentions, de regards différents et plusieurs manières d’exprimer sa sensibilité. Le croquis urbain (1), seul ou en groupe, le carnet de voyage quasiment scientifique (2) ou le carnet pour rencontrer l’Autre (3), il y a plein de raisons de partir un carnet à la main.
Cet article est le dernier d’une série de 10 qui couvrent toute sorte de sujets en lien avec le carnet de voyage : de la réflexion à la technique, en passant par le matériel. Découvre-les en fin d’article.
1 Tu pratiques plutôt le croquis urbain (urban sketching)
Tu es discret(e), tu préfères passer inaperçu(e)?
Les pratiques solitaires sont plus attirantes pour toi : observateur discret dans la ville, tu peux dessiner debout contre un pilier sans que personne ou presque ne te remarque. Tu peux dessiner en marchant, tu peux rester en plein air aussi longtemps que tu le souhaites ou abandonner un point de vue si tu en as envie.
Tu aimes être en groupe, partager tes activités ; tu as peur de te lancer seul(e)?
Les mouvements collectifs te font de l’œil : les communautés d'Urban Sketchers, de croqueurs sont à tester. Tu trouveras les groupes officiels des USK ( appelés chapitres) sur le site officiel. N’hésite pas à chercher des groupes facebook dans ta ville, ton département. Il y a aussi un groupe '“Rural Sketchers”. Si vraiment tu ne trouves pas, crée le tien : deux copines, un lieu de rendez-vous, vos carnets, puis on rencontre d’autres motivés, on invite des copines et des camarades de dessin… Et voilà!
Ce sont deux manières de se frotter à la ville contemporaine, au paysage, au dessin in situ, et de créer des représentations d'un même lieu urbain : tu n’es pas obligé(e) de choisir, tu peux alterner en fonction des sujets, des opportunités, de ton réservoir social.
2 Tu tends vers le carnet ethnographique et naturaliste :
Tu es un observateur solitaire dans la tradition du voyageur-dessinateur.
A l’instar de Titouan Lamazou qui est peintre avant d’être voyageur, puis qui fusionne les deux expériences de vie dans ses carnets, tu peux rendre compte de l’Humanité dans tes tableaux, nourris de tes rencontres.
Tu rêves d’explorer collectivement un lieu par tes expéditions artistiques : du Grand Tour aux résidences itinérantes
Tu peux comme Delacroix ou les peintres du XVIIè siècle, ou de la Renaissance, aller aux sources de la peinture à la Villa Medicis, en “Orient” pour abreuver ta pratique à la source historique de l’Art européen.
Ou comme les peintres naturalistes comme Gaspard Duché de Vancy, Guillaume Prévost dit « Prévost oncle» et Jean-Louis Robert Prévost, dit « Prévost le Jeune»1 qui accompagnèrent La Pérouse dans son voyage d’exploration, ou les peintres de la Marine qui embarquent sur les bateaux et documentent la vie hors et sur le bâtiment, tu peux bénéficier d’un fort soutien scientifique.
Tu souhaites documenter le monde en reportage collectif : la complémentarité des expertises
Evidemment, une équipe pluridisciplinaire s’entraide et la collaboration dans l’élaboration d’hypothèses plausibles, infirmées ou confirmées par les autres disciplines est passionnante. A l’Archéopôle de Bordeaux, des archéologues, et des architectes collaborent avec des graphistes 3D pour émettre des hypothèses scientifiquement valables sur l’élévation des bâtiments aujourd’hui à l’état de ruines.
3 Le croquis comme médiation culturelle
Si tu crées la rencontre individuelle : le dessin devient langage universel
Lorsque tu dessines, si l’Autre engage la conversation, ou si tu offres ton dessin en manière de communication et d’échange, c’est la Caverne d’Ali-Baba en matière de richesse relationnelle. Et à la fin de l’interaction, tu as eu un échange plus profond en 30 minutes ou deux heures avec un inconnu que la plupart de tes collègues de travail dont tu partages le quotidien professionnel.
Dans des ateliers collectifs : le croquis se vit comme vecteur d'échange interculturel
Quand tu choisis un voyage “solidaire”, à dimension éthique, généreuse, cela se traduit souvent par des rencontres plus authentiques. Faire ensemble est le meilleur moyen de se connaître. Il faut veiller à ce que ce ne soit pas juste une vitrine, à ce que la relation soit équilibrée en termes de bienfaits réels et à long terme pour les locaux.
J’aime beaucoup aussi Les Croqueuses de Paris, 4 amies qui se retrouvent pour confronter leur regard et croquer ensemble un même lieu, en s’enrichissant du regard et de la pratique des autres. Je les suis depuis des années.
Création participative : impliquer les communautés locales dans le carnet
Apprendre des locaux est toujours un trésor : au Maroc, j’aurais aimé apprendre avec les peintres locaux la technique “magique” de la peinture au curcuma et au safran (on trouve des tutos sur le net, mais franchement, n’est-ce pas plus enrichissant de l’entendre et de tester en échangeant avec un peintre local que sur un tuto YT?) à qui tu donnes un de tes pinceaux à réserve d’eau parce que tu vois briller ses yeux quand tu l’utilises?
Inviter les gens à écrire, dessiner, mettre leur empreinte dans ton carnet est un formidable moyen d’échange et de merveilleux souvenirs.
Les Carnettistes Tribulants ont été mes premiers initiateurs à ce type de carnet collectif et participatif. On les retrouve au festival Vent Debout et dans la revue Carnet d’Ailleurs disponible en ce moment.
Conclusion
Le carnet de voyage, qu'il soit individuel ou collectif, reste avant tout un espace de liberté où s'exprime un regard sensible sur le monde, mais ses modalités de création transforment profondément l'expérience du dessinateur et la nature du témoignage produit.
Pour rencontrer ces artistes carnettistes, rendez-vous dans les festivals du Carnet de voyage : les plus prestigieux sont hantés par les artistes les plus connus : pour voir des artistes émergents (pas forcément jeunes), plutôt dans les festivals naissants et balbutiants.
Chaque type d’approche, individuelle ou collective, est congruente avec la notion de voyage, d’exploration et la manière de chacun de se lier au monde.
Trouve les tiennes, trouve aussi celles qui bousculent tes certitudes, c’est toujours riche d’enseignement, de découvertes. Laisse ta curiosité être ta boussole.
Ta série d’articles sur le dessin en plein air dans A Dos de pinceaux :
1/10 J’ai peur de peindre en public : comment y arriver sans se forcer
2/10 Ma liste de matériel pour peindre en plein air
3/10 Peindre d’après photo : pourquoi j’ai changé d’avis
4/10 Prépare-toi à peindre dehors pour la première fois
5/10 Anecdote : comment j’ai failli gagner mon poids en bouteilles de vin
6/10 Tu dessines seul ou en groupe?
7/10 Dessiner des gens tout nus, la réalité dans mon carnet
8/10 Pourquoi peindre en monochrome dans ton carnet de voyage?
9/10 Choisir le lieu où tu dessines en fonction de la situation
10/10 : tu viens de le lire.
A bientôt sur