J’ai peur de peindre en public! 1/10
J’ai peur de peindre dehors, j’ai peur que quelqu’un vienne regarder par-dessus mon épaule. Comment surpasser ma peur? Voici quelques pistes :
Comment surpasser ma peur?
Il n’y a pas plus simple : l’affronter. Une fois cela dit, vous allez me répondre “facile à dire”.
Dans ma tête :
“Les gens vont trouver ça nul. Ils vont se moquer de moi. Ce monsieur a l’air de s’y connaître ; il a fait une grimace, ça doit être raté”. En général, cela reflète notre juge intérieur “Mais qu’est-ce que c’est moche! Je suis nulle. Vraiment, je ne comprends même pas ce que je fais ici.”
La réalité :
La plupart du temps, les gens font des commentaires plutôt positifs.
Ça a dû m’arriver seulement une ou deux fois depuis que je dessine en dehors de chez moi, d’avoir des commentaires désagréables.
Et si le regard de l’autre me gêne :
Vous avez le droit d’être agacé et susceptible et de fermer brutalement le carnet et de déménager. Oui, vous avez le droit d’exprimer la gêne que cela provoque chez vous.
Comment j’ai commencé:
Quand j’ai appris l’aquarelle, j’ai très vite voulu aller AUSSI peindre à l’extérieur, mais je n’osais pas y aller seule. Je ne connaissais personne intéressé par la pratique en plein air (sauf mon copain pêcheur à la mouche ; un bon plan, les pêcheurs : ils connaissent des coins incroyables). J’ai alors décidé de m’inscrire à des concours de peinture en plein air : c’était programmé, j’avais payé ma participation, j’étais “obligée” d’y aller, pas moyen de refuser l’obstacle.
Des concours? (eh oui, à l’époque au tout début des années 2000, les groupes USK n’étaient pas aussi développés qu’aujourd’hui, et c’était les seules informations que j’avais trouvées). Les associations type “couleurs d’Aquitaine”, de “Bretagne”, existent toujours et organisent un calendrier annuel ; certaines villes comme Magné (79) ont des concours reconnus internationalement! (Magné était un plaisir des yeux, aujourd’hui, il y a trop de monde, je trouve).
En fait, mon tout premier concours avait lieu sur la magnifique presqu’île du Ferret en Gironde ; on était 12 participants ; les organisateurs sont allés chercher 2 lots supplémentaires et on a tous eu un lot.
C’est aussi dans ces circonstances que j’ai vu des “bêtes à concours”, des hommes qui n’étaient là que pour gagner le premier prix (par ego ou par appât du gain) mais surtout des visiteurs super sympas qui venaient vous rendre une petite visite, faire un commentaire gentil, parfois donner une indication en douce sur un petit coin secret tout à fait charmant à peindre.
Si vous souhaitez que je fasse un article sur ces concours en plein air qui sont une merveilleuse occasion de pratiquer, n’hésitez pas à me le dire en commentaires, j’ai des anecdotes parfois savoureuses et de jolis souvenirs à partager.
Comment décourager les importuns?
Bien sûr, vous pouvez être désagréable, notamment si la personne en face de vous l’a été ; ou bien si c’est un mauvais jour pour vous.
Mais ce n’est pas mon approche naturelle.
Première solution : s’arrêter de dessiner:
Vous posez votre stylo ou votre pinceau, vous fermez votre carnet si c’est sec. Et vous engagez la conversation avec la personne : elle n’aura plus rien à regarder, critiquer.
Et vous pouvez faire une super rencontre !
Il y a toujours le risque la chance que vous tombiez sur un réel professeur de dessin, un véritable artiste ; mais la plupart du temps, vous tomberez sur un bavard critique.
Dans le premier cas, vous aurez une leçon de dessin gratuite, et c’est précieux par les temps qui courent ; dans l’autre cas, il y a un moyen simple de se débarrasser de la personne :
Il m’est arrivé une seule fois, pendant un voyage en train, d’avoir un voisin désagréable qui critiquait à peu près chaque trait de mon dessin (qui n’était pas parfait évidemment). Je ferme donc mon carnet pour lui chercher une feuille et des crayons. Je les lui ai posés sur sa tablette. Et je lui ai demandé de m’expliquer ce qu’il voulait dire, parce que je comprenais bien le problème, mais je ne comprenais pas sa solution. Et je m’installe dans la posture d’écoute attentive de l’élève devant le maître. Et surtout je fais durer le silence. L’explication a été courte et embrouillée, je vous l’assure. Le monsieur s’est replongé dans sa lecture.
Vous avez surtout peur du jugement des autres, mais la plupart du temps les gens sont admiratifs, parce qu’ils pensent être incapables d’en faire autant. Et si vous débutez, ils vous trouvent très courageux de commencer ce qu’ils ne savent pas faire eux-mêmes. Et c’est vrai : vous ETES courageux. Doublement : d’abord parce que vous essayez, et ensuite, parce que vous vous exposez dans l’espace public au regard des autres.
Certains dessinent avec un casque sur les oreilles (allumé ou pas) pour décourager les bavards. Je ne suis pas fan des casques dans l’espace public, c’est dangereux de ne pas voir accès à ce qui nous entoure, et le croqueur se prive aussi des conversations qui infusent dans le dessin et se fixent dans la mémoire en dessinant. (Je me souviens encore des conversations, des personnes, de l’ambiance sonore ou des mets dégustés en ouvrant les pages de mes premiers carnets de voyage, en 2006, tout de même).
Les plus touchants sont les enfants. Si vous aimez leur compagnie, vous pouvez aussi toujours avoir quelques feuilles et quelques crayons à prêter aux petits curieux du stylo, et une oreille attentive à leurs babillages.
Solution complémentaire : Dessiner en groupe :
Quand on dessine en groupe, notamment, quand on dessine tous à la même table dans les bars et les cafés, les gens s’approchent peu et ne nous adressent pas autant la parole.
Il y a sans doute un groupe de croqueurs ou d’Urban SKetchers près de chez vous. Faites des recherches sur les réseaux sociaux, vous allez trouver. (Pour connaître la différence, cliquez sur le lien en vert)
Et si cela n’existe pas sous la forme ou à l’endroit qui vous convient, créez-le. Commencez à deux ou trois camarades de pinceaux avec un groupe Whatsapp ou une page ou un groupe Facebook. Ajoutez petit à petit les potentiels copains de croquis. Créez un document partagé avec les propositions de chacun : lieu, date, horaires et regardez pousser.
Le groupe des Croqueurs Bordelais fonctionne ainsi. Il est issu du groupe USK, mais certains organisateurs ne voulaient pas utiliser Whatsapp. Léa, une des administratrices, a créé le groupe whatsapp que j’ai intégré à la suite d’une sortie USK. Nous étions moins de 10. Chacun peut proposer une sortie avec lieu, horaires, dates.
Cette année-là, j’accompagnais Mlle Poulette au conservatoire tous les mercredis, et je me trouvais donc à errer dans les cafés les jours de froid et de pluie (et Dieu sait s’ils sont nombreux à Bordeaux!), et j’ai commencé à proposer des plages horaires dans un lieu différent chaque semaine.
Léa a créé un document partagé pour centraliser les propositions. Aujourd’hui, il y a 150 personnes sur le groupe, chacun continue de proposer des sorties, des petits groupes locaux se créent à Blaye, en Charente, etc.
Simplifiez la logistique et la technique (et disciplinez-vous car les notifications inflationnent vite sur un groupe de cette taille) Poke
.Parfois on est deux ou trois sur une sortie, parfois on est une vingtaine… Ca dépend de la disponibilité des gens. Et il y a toujours des débutants et pas mal d’actifs, donc c’est très sympathique.
Des projets collectifs sont nés aussi : l’abécédaire bordelais, sous la forme d’un livret, et bientôt d’une affiche et d’une exposition (dans ma librairie favorite). Un autre sur le marché des Capucins, mais je n’aime pas la foule donc les horaires proposés ne me conviennent pas : le samedi à 11h, c’est impossible de dessiner, à mon avis.
Sortez de chez vous!
J’espère que cela vous a donné envie de sortir dessiner.
Je vous prépare aussi un article sur comment se préparer à dessiner hors de chez soi, pour que ce soit plus confortable.
Pour le matériel, tu as un article ici, et pour t’asseoir, ici
Mais surtout, lance-toi : quel est le risque? d’aimer ça! de faire de belles rencontres! d’avoir une collection de carnets qui n’en finit pas…
J’ai deux conseils à ajouter :
Pour les totalement débutants, tenir un journal dessiné.
Pour les « prêts à sauter le pas », rejoindre un groupe pour une séance dans un café, un parc, comme les croqueurs bordelais, ou bien un groupe USK comme il y en a dans les grandes villes.
Les débutants sont bien accueillis, personne n’est obligé de montrer ses dessins.
Mais regarder ceux des autres est instructif (à condition de ne pas se comparer avec des dessinateurs parfois professionnels)
Super conseils. Merci beaucoup ! Dessiner devant les autres, je n'aime pas ça du tout ! Mais ça donne envie de sauter le pas.