Dessinons ensemble au musée (et une histoire d'orteils)
Pour la troisième fois, l'association des étudiants en histoire de l'art, Artothem organise une nuit du dessin en partenariat avec le Musée des Beaux-Arts de Bordeaux. J'y étais!
Le 7 novembre, le groupe des croqueurs bordelais avait prévu cette sortie, mais même sans eux, pour rien au monde je n’aurais raté cela1.
Nous avons attendu en papotant devant les grilles, assistant à l’arrivée des bénévoles. Il s’agissait des encadrants supplémentaires dans les salles et des modèles, en plus des organisateurs.
La lecture est plus confortable à travers l’application que vous pouvez obtenir en cliquant ici :
L’organisation :
L’entrée est gratuite, et vu le succès “inattendu'“ de la première édition (plus de 600 personnes et une queue monstre pour respecter la jauge quand je suis sortie du musée), les deux ailes du musée étaient ouvertes aux dessinateurs. Et il fallait bien cela.
Une fois tous entrés, chacun s’installe où il veut. J’avais apporté mon tabouret! J’ai commencé par le fond du musée, mais les poses n’étaient pas intéressantes à mes yeux.
Les modèles :
Les étudiants qui posent sont tous bénévoles, on voit que certains ont l’habitude ou bien ont été bien formés, car les poses et les costumes (c’est au choix du modèle) étaient très propices au dessin dans l’ensemble.

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L’année dernière, un membre de l’association annonçait la prochaine fin de pose et le changement de modèle, cela manquait cette année : la durée approximative de la pose aussi aurait été la bienvenue. Cela permet de savoir si on se lance ou pas dans les détails de finition ou non.
Premier modèle : le drapé, la pose alanguie et horizontale me plaisent. Les techniques humides sont interdites dans le musée. Je n’y avais pas pensé, de toute façon j’avais prévu d’utiliser mes feutres Tombow ABT à double pointe et j’avais un feutre fin au fond du sac pour le banc. Je me suis régalée. Mon deuxième modèle était aussi assez magistral, un peu un Napoléon avec un port de tête assez hautain. La pose était intéressante par l’équilibre entre la verticalité du buste, l’horizontalité de la méridienne et les obliques des membres qui relient tout cela et équilibre les contraires.
Pour faire un cadeau à des amis qui aiment le dessin et les musées.

J’ai d’abord été attirée par la cascade rousse qui déroulait ses boucles sur les épaules de l’étudiante qui dessinait près de moi, et ensuite le contraste de position, de formes et de couleurs avec sa voisine.
L’étudiant qui dessinait debout me fascinait, mais il y avait souvent des gens qui stationnaient entre lui et moi (sans dessiner), c’était pénible d’attendre qu’ils bougent. C’est l’avantage et l’inconvénient de dessiner dans un musée : cela pousse à la contemplation, et tous les visiteurs, dessinateurs ou non, en oublient le monde qui les entoure.
J’ai voulu retranscrire l’ambiance studieuse (moins silencieuse que l’année dernière, peut-être) qui règne dans ces soirées-là, très proche de celle d’un atelier ou d’un cours de nu, finalement : chacun est concentré sur son dessin, s’applique et où l’atmosphère est seulement remplie du chuchotement des outils sur le papier.
C’est plus confortable que le reportage dessiné en extérieur, surtout en novembre
A quoi pense un modèle pendant une pose?
J’ai eu envie d’ajouter des notes sur ce qui semblait occuper l’esprit des modèles : je me suis toujours demandé ce que pensait un modèle pendant ces longs moments.

Si vous avez posé, racontez-moi ce qui se passe dans votre esprit.
Ce que pense le dessinateur devant un modèle-vivant :
Le dessinateur, face à un modèle qui pose, se dit : “Quelle pose intéressante/originale/difficile!”
Il calcule les proportions, mesure les lignes de force, les angles.
Il repère les espaces négatifs pour les reporter.
Il recherche les ombres pour faire naître la lumière.
En ce qui me concerne, j’oublie très vite qu’il y a une personne nue devant moi : il y a un sujet à dessiner, c’est tout… jusqu’aux orteils.

Depuis mes 16 ans et mes premières séances de modèle vivant, c’est ainsi.
Je me souviens de la colère de mes professeurs quand le modèle (toujours la même) s’endormait pendant la séance et que la pose glissait, s’alanguissait et se déformait.
Mais quand j’en arrivais aux pieds, j’avais l’impression que mon crayon allait chatouiller lui la plante des pieds et la réveiller, et j’hésitais.
J’hésite encore.
Prochain rendez-vous le 17 avril, toujours au MusBa.
Ça m’a donné envie de me replonger dans ce livre de l’aquarelliste USK Marion Rivolier, très pédagogique et assez ludique.
Super initiative, une expérience certainement enrichissante pour tous, merci pour le partage !
J'ai fait modèle une fois pour un cour de sculpture, c'était particulier car c'était deux fois 1h30 d'une même pose si je me souviens bien. On pense à tenir la pose, se maudir d'avoir accepté de poser en tension sur les genoux et combien de temps reste t'il avant la fin de la séance 😅🤣