Créer sous contrainte ou à la commande, est-ce pour moi?
Participer à un abécédaire collectif, ce n’est pas forcément choisir sa lettre et son thème… Ce que j’ai découvert…
Au moment de choisir mes études, le dessin me plaisait bien ; j’ai tout fait pour réussir les concours de certaines écoles d’art publiques parisiennes, mais je manquais certainement de maturité et de culture artistique contemporaine. Les Beaux-Arts n’auraient pas forcément été à la hauteur de mes attentes non plus. Et de toute façon il en était hors de question pour mes parents.
C’était rassurant pour tout le monde de choisir un métier plus classique, mais au fond de moi, j’avais aussi peur que de devoir travailler à la commande, dépendre des demandes de clients, de délais, au fond de moi, je craignais que ces contraintes ne dissolvent ma passion. Et je ne le savais pas alors (mais je le sentais confusément) que je n’aurais pas supporté de voir ma liberté trop contrariée.
Il y a des aspects dans le métier d’artiste qui me rebutent : la prospection, la comptabilité ou qui pompent notre énergie : les réseaux sociaux, se battre avec l’administration….
Je me suis longtemps félicitée de mon choix : garder l’art et la créativité comme une activité subsidiaire et non faire dépendre ma subsistance de ma créativité.
Il y a deux ou trois ans, j’ai envisagé de basculer vers une carrière d’artiste à plein temps.
Aujourd’hui, je sais que ce qui me plaît, c’est plutôt de transmettre l’art du carnet de voyage, le plaisir de dessiner d’après nature, de voyager avec un pinceau, de rencontrer des gens et de chercher à comprendre des pays. Voir cet article.
Un abécédaire bordelais, pourquoi pas?
Quand Albane, des Croqueurs Bordelais, a proposé un abécédaire de Bordeaux, j’ai sauté à pieds joints sur la proposition, un peu inconsciente, mais comme j’ai un peu tardé pour me manifester, j’ai écopé des lettres E et W. Je n’avais pas réalisé que cela pourrait me paraître difficile de m’y mettre, parce que cela contrariait ma sacro-sainte liberté…
Néanmoins, dès que ces deux lettres m’ont été attribuées, j’ai tout de suite su ce que j’avais envie de dessiner ; la contrainte complémentaire était aussi :
un format A5, vertical,
sans marge
la technique : l’aquarelle.
Il est temps de s’y mettre !
Un peu comme les devoirs qu’on n’a pas envie de faire, j’attendu le tout dernier moment pour faire mes deux dessins, et étonnamment, j’y ai pris beaucoup de plaisir.
La lettre E
J’avais plusieurs choix, et j’ai choisi l’échoppe bordelaise, petite maison typique, caractérisée par un couloir, traversant, une fenêtre côté rue et une autre côté jardin, et bien souvent une pièce aveugle au centre ; une cave à charbon ; puis avec l’enrichissement des habitants, l’ajout d’une souillarde à l’arrière et puis plus tard d’une véranda.
Le rideau de porte, aussi typique de la région, protège l’intérieur des différences de température, sert donc d’isolant et protège également la peinture de la porte de l’abondante pluie bordelaise (il pleut autant qu’à Brest ou à Londres) que du soleil gascon.
Comment j’ai procédé :
Pour l’échoppe, j’ai fait un fond jaune de Naples, très léger pour donner le côté ensoleillé ; j’ai mélangé plusieurs échoppe d’après différentes références (et j’ai oublié la porte de la cave à charbon)🤫
Ce que j’aime avec l’aquarelle, c’est suggérer des textures.
Je me suis éclatée avec le toit de tuile romaines, le crépi décrépit de la façade, et surtout les volets à la peinture écaillée ; le trottoir en carreaux de terre cuite est également typique et je me suis bien amusée.
La lettre W
Le wakeboard est une sorte de téléski nautique : le sportif a les pieds fixés sur une planche comme sur un snowboard, il se tient à un trapèze comme en ski nautique, mais la corde est reliée à un câble entraîné par un moteur. Il cherche à faire des figures et à rejoindre des tremplins pour des sauts. Le casque est de rigueur, tout comme un gilet de sauvetage qui protège également des chocs.
Comment j’ai procédé ?
Pour le wakeboard, je savais dès le départ que je voulais un contre-jour avec un coucher de soleil ; j’ai là encore assemblé deux références : une pour la silhouette, l’autre pour le fond et la gerbe d’eau.
J’étais vraiment dans le flow quand j’ai peint l’eau ; je me suis aperçue de l’effet seulement lorsque j’ai eu terminé.
Je trouve cette partie trop grande. Au point de vue de la composition, la silhouette est placée trop haut à mon goût, mais finalement, vu le plaisir que j’ai pris à peindre tous les friselis, c’est un peu normal que ce soit la partie la plus étendue du tableau. C’est à la hauteur du plaisir que j’ai pris à les faire.
Rassemblement :
Je vous mets en vidéo une bonne partie du travail collectif, il manque quelques lettres qui sont arrivées plus tard.
Vous remarquerez que l’intérêt ici c’est la variété des approches, : certains dessins sont plus proches de l’illustration que d’un travail d’aquarelliste ; il y a très peu de professionnels parmi les participants.
Et la suite?
Nous n’avons pas encore décidé si nous procéderons à l’impression puis la publication d’un livret à nos frais ou d’une exposition collective.
À mes yeux, ce serait bien de cumuler les deux, parce que ça n’a pas tout à fait le même intérêt et ça ne touchera pas le même public.
Si vous êtes sur la région bordelaise, et que vous voulez savoir où se tiendra à l’exposition et où consulter le livre s’il voit le jour, vous pouvez laisser un commentaire ici ⬇️
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